Une vie à écrire
Le Blues de mon enfance
"Nous avons tous deux vies : La vraie, celle que nous avons rêvée dans notre enfance, et que nous continuons à rêver, adultes, sur un fond de brouillard; La fausse, celle que nous vivons dans nos rapports avec les autres, qui est la pratique, l'utile. Celle où l'on finit par nous mettre au cerceuil."
Fernando Pessoa
Le Gardeur de troupeaux
"Je suis un gardeur de troupeaux.
Le troupeau c’est mes pensées
et mes pensées sont toutes des sensations.
Je pense par les yeux et par les oreilles
par les mains et par les pieds
par le nez et par la bouche."
"Nombreux sont ceux qui vivent en nous ;
Si je pense, si je ressens, j’ignore
Qui est celui qui pense, qui ressent.
Je suis seulement le lieu
Où l’on pense, où l’on ressent."
« After the first death there is no other ».
Mon art morose
Dans mon métier, mon art morose
exercé dans la nuit silencieuse
quand la lune seule fait rage
quand les amants sont étendus
avec toutes leurs douleurs dans les bras,
je travaille, à la lumière du chant,
non par ambition ou pour mon pain
ni pour le semblant, ni par commerce
de charmes sur des scènes d’ivoire
mais pour le salaire ordinaire
du profond secret de leurs coeurs.
Ni pour le prétentieux, ignorant
la lune qui fait rage, j’écris
sur ces pages mouillées d’embrun,
ni pour les morts trop hauts
avec leurs rossignols et leurs psaumes
mais pour les amants, leurs bras
enlaçant les chagrins du Temps,
qui n’accordent ni attention, ni salaire
ni éloge à mon métier, mon art morose.
Traduction d'Alain Suied
Et la mort n’aura aucune emprise
Et la mort n’aura aucune emprise.
Les hommes morts et nus ne feront plus qu’un
avec l’homme dans le vent et la lune de l’ouest ;
Quand leurs os sont grattés proprement et que propres s’en vont leurs os,
ils auront des étoiles au coude et au pied ;
Même s’ils deviennent fous ils seront sains d’esprit,
Même s’ils s’abîment au fond de la mer ils se redresseront ;
Même si les amants se seront perdus l’amour ne le sera pas ;
Et la mort n’aura aucune emprise.
Et la mort n’aura aucune emprise
Sous les sinuosités de la mer
eux, les gisants au long ne mourront pas sous le vent;
tordus sur des chevalets quand cèdent les ligaments,
Liés à la roue, pourtant ils ne se briseront pas ;
La foi se cassera en deux dans leurs mains,
et les démons à une seule corne leur passeront au travers ;
fendus jusqu’au tréfonds ils ne craqueront pas
Et la mort n’aura aucune emprise.
Et la mort n’aura aucune emprise.
Plus jamais les mouettes ne crieront à leurs oreilles
ni les vagues se brisant bruyamment sur les rivages ;
Là où soufflait une fleur peut-être qu’aucune fleur ne
dressera sa tête au saut de la pluie ;
Même s’ils sont fous et raides morts comme des clous,
les signes à en-tête enfoncent les marguerites;
éclatent dans le soleil jusqu’à ce que le soleil se brise,
Et la mort n’aura aucune emprise.
1933 magazine New English Weekly
Symphonie pour un homme seul par le chorégraphe Maurice Béjart au Théâtre de l’Étoile :
création le 26 juillet 1955
avec Michèle Seigneuret et le Ballet de l’Étoile à Paris.
Photo Bernand
Maurice Béjart, avec Maria Dalba, en1953.
Photo Bernand.
La Mégère Apprivoisée avec André Thorent et Simone Turck au Théatre de l'Athénèe
1951 Photo Bernand